Quand la pause s’impose

© Daniel Mingook kim

Certains partent au bout du monde, d’autres explorent un bout de chemin, pas loin. À l’arrivée, le silence. Éole nous raconte sa pause à l’occasion d’une retraite sur l’écosite du Domaine d’Avallon, siège d’une communauté bouddhiste tibétaine : le Shangpa Karma Ling.

Printemps 2017

Je sortais d’une saison au rythme intense dans une station de ski. Comme tous les saisonniers, j’étais sur les rotules. Complètement lessivée et le dos bloqué. J’ai rencontré une professeure de yoga en Suisse qui m’a conseillé de profiter du printemps, saison de changement d’énergie, pour suivre un stage d’une semaine de yoga pour me recentrer et me ressourcer. J’ai beaucoup cherché et je n’ai rien trouvé qui me plaisait. Je suis tombée sur le site de Rimay dont j’avais entendu parler par ma cousine. Le site internet m’a inspiré confiance et je me suis inscrite pour un week-end de découverte de la méditation. 

Arrivée sur les lieux 

C’est juste magnifique. A 1 heure de Chambéry. Il est niché au fin fond d’une vallée, on serpente à travers la forêt pour y accéder tout au bout de la route. Le vieux bâtiment des pères chartreux y était transformé en centre tibétain, je dis « y était » car il a été en partie détruit par un incendie l’hiver dernier. Il y a aussi un grand jardin sacré, un moulin à prières, des chalets pour les résidents de la communauté et des bâtiments pour les stagiaires, le grand bâtiment chartreux accueillant les cours, le réfectoire dans une belle salle voutée, la librairie…

Chuuuuut 

« Là tout se réalise… en silence ! C’est la règle là-bas : silence et discrétion. Quand on arrive, on laisse son portable et ses cigarettes dans son sac. On prend même la première demi-heure de chaque repas en silence. Au début c’est un peu angoissant, on ressent fortement le silence : on fait face à ses questionnements. Mais au final c’est une expérience très positive qui renforce la confiance. On découvre qu’on peut être bien, silencieuse, au milieu des autres.

“ On découvre qu’on peut être bien, silencieuse, au milieu des autres

Objectif méditation 

On se lance dans deux jours de méditation. Par tranche de 45 minutes. On commence par des tranches plus courtes au début car la posture est difficile à tenir pour les muscles qui n’en n’ont pas l’habitude. On y aborde les trois piliers de la méditation : la posture, la respiration et le regard. Méditer c’est apprendre à faire passer ses idées comme des nuages. Pour cela on s’aide d’un point visuel sur lequel on fixe son attention tout en regardant largement autour. On peut aussi compter sa respiration pour aider à canaliser ses pensées. Au début c’est très difficile, on fait ses listes de courses plus que le vide. Mais on débriefe tous ensemble après chaque séance, on progresse rapidement. 

Se sentir autrement

J’ai même décidé de prolonger mon week-end d’une journée pour poursuivre ma pratique… donc oui ça m’a plu ! Je n’avais pas envie de redescendre : on est là-bas comme dans un cocon rassurant, dans une bulle, la vie extérieure ne nous atteint pas. Quand on redescend c’est un peu comme quand on quitte un refuge en haute montagne, on replonge immédiatement dans la vie quotidienne, et son lot de petits soucis que l’on avait laissés sur le pas de la porte.

Une pause qui fait du bien

La méditation apprend aussi la gestion des émotions. Au début il faut parvenir à amadouer son mental, mais ensuite il faut aussi accepter toutes les émotions qui remontent en surface. Joie, colère, tristesse… Par exemple, une de mes voisines de zafu (coussin de méditation) a vu des larmes perler sur ses joues lors de cet exercice. Cette pratique fait vraiment grandir : on identifie ses émotions, on les apprivoise et on les fait passer. Au final, on a l’impression de mieux se connaître de l’intérieur et d’être ouvert à l’inconnu qui n’a plus rien de menaçant.

Prolonger les bénéfices

Aujourd’hui je ne pratique plus la méditation, mais je fais du yoga presque chaque matin et je pratique encore les techniques de respiration qui m’ont été enseignées. Quand une peur ou une autre émotion monte, j’apprends à l’accueillir. Plus je la décortique, moins elle est un obstacle, moins elle m’empêchera de méditer et à terme de vivre pleinement. La méditation apprend cela aussi : qu’il faut profiter pleinement de chaque moment de la vie. Vivre chaque instant, en pleine présence, même pendant la vaisselle et le ménage, comme une cérémonie. Cela permet de soigner chaque acte, de prendre le temps de faire les choses, de retrouver le rythme qui nous convient.

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Du bouddhisme en plein coeur de la Savoie

L'Institut Pleine Présence du Domaine d'Avalon

Installé depuis 30 ans dans une ancienne chartreuse, à une demi-heure de Chambéry, l'Institut Pleine Présence a été créé par Denys Rinpoché, supérieur du Sangha Rimay et considéré comme le détenteur de la lignée du « Vajrayana » (la pratique tibétaine) .

Aujourd'hui, c'est dans une ambiance tibétaine que le centre offre une foule d'expériences (méditation, taï-chi, contemplation, etc.) le temps d'une journée ou de plusieurs années.

www.pleinepresence.net


La pleine présence, Kézako ?

D’après l’Institut, la pleine conscience - pleine présence exprime une qualité d’attention ouverte à l’instant présent libre de jugement, dans une expérience sensorielle globale, plutôt qu’intellectuelle ou mentale. Il s’agit de sentir plutôt que de penser. 

Nous apprenons à être présent à l’expérience de l’instant, l’accueillant, l’acceptant, qu’elle soit agréable, désagréable ou neutre.

La pratique se nomme aussi « samatha-vipassana » (sanscrit) méditation et c’ est le cœur de la tradition du Bouddha.

La pleine conscience est un état naturel. Sa pratique permet de retrouver cette expérience inhérente à la nature humaine.

Mais pour découvrir ou redécouvrir cette expérience de l’instant présent, il faut s’entrainer !

Méditer régulièrement permet de l'intégrer plus facilement à son quotidien.

La méditation a beaucoup de bénéfices sur la santé et améliore le bien-être mental et physique mis à mal par le stress au quotiden.